13 juillet 2007

CHAPITRE II

"Internet comme un espace de communication politique"


CONCLUSION

La permanence du conseil

« Les Français sont au spectacle. Nicolas Sarkozy est dans une stratégie de « coup d'éclat permanent ». L'omniprésidence suppose le coup d'éclat. Chaque jour vient changer la donne du précédent, et est effacé par le jour suivant. [1]» Référence au coup d’Etat permanent, critique de François Mitterrand à l’égard du Général de Gaulle, François Hollande analyse très justement la nouvelle tendance de la communication politique. En effet, les deux précédents présidents de la République avaient fait le choix de s’entourer du même conseiller en communication politique, Jacques Pilhan, qui avait théorisé la rareté comme une vertu essentielle de la parole d’un chef, notamment d’un chef d’Etat. Ainsi, cette parole symbolique prenait tout son poids et conservait une autorité supérieure lors d’éventuelles crises. Nicolas Sarkozy a, depuis, choisi une autre stratégie de communication par la mise en scène quotidienne de ses actions dans les médias. Il risque sa personnalité symbolique dans la bataille médiatique et sur tous les terrains de l’action publique. Ses équipes de communication occupent, comme jamais auparavant, l’agenda médiatique selon leur propre actualité, soutenue par un ensemble médiatique mimétique. En conséquence, la gestion de crise devient elle aussi un élément essentielle du dispositif dans une forme de campagne électorale permanente.

Une stratégie de communication sur le Web s’affirme tout autant par l’adaptation à cette nouvelle donne temporelle. Certes, elle produit des espaces événementiels adaptés aux « micro-mobilisation » des citoyens. Elle utilise pour cela les trois fonctions déterminées précédemment pour convaincre électeurs et citoyens. Mais il semble que pour instituer un candidat comme représentant de la génération Internet, la continuité soit une règle. Dans ce chapitre, bilan d’expériences issues de la campagne présidentielle, un candidat a peu été évoqué car il n’a pas poussé particulièrement une de ces fonctionnalités en avant. Il est toutefois le grand vainqueur de la bataille qui s’est institué sur le Web. Mise en scènes chaleureuses, interviews données à tous les grands supports du journalisme citoyen, blogosphère compacte étendue et ouverte, mobilisation des sympathisants, échanges structurés, François Bayrou, candidat de l’UDF, a su s’adapter aux spécificités relationnelles du réseau et s’imprégner profondément de la cyberculture. De tous les prétendants, il était le seul internaute. Parfois, à la grande surprise des analystes, il lui est même arrivé de sortir sa plume numérique pour intervenir sur des blogs, en réponse à des articles le concernant. En mars 2006, à l’occasion du vote de la loi DADVSI sur le droit d’auteur, il est monté à la tribune de l’assemblée nationale pour défendre le logiciel libre et la copie privée. Bref, la prise en compte publicisé du Web, comme un nouvel espace d’expression libre dans l’action politique, aura toujours plus d’impact sur une cible internaute que la mise en ligne de structures communicationnelles, aussi élaborées soient-elles. Le respect du mythe, la cyberculture et la permanence du débat seront des axes de communication essentiels du plan de communication plus personnalisé des candidats.


[1] François Hollande : "Nicolas Sarkozy a installé une machine à rancunes", Caroline Monnot et Jean-Baptiste de Montvalon, lemonde.fr, 22.08.07

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