18 juillet 2007


CHAPITRE II
"Internet comme un espace de communication politique"

INTRODUCTION
Si le Web est un projet politique, il n’en demeure pas moins un espace du combat électoral, un espace de communication, avec ses techniques et ses spécificités. Longtemps mis à l’écart par les sciences politiques, la communauté des politologues a longtemps hésité à considérer le Web comme un outil sérieux de communication politique. Depuis la fin des années 90, à mesure d’une audience croissante, Internet a commencé à susciter convoitises et recherches. Désormais, les politiques accompagnent et soutiennent les évolutions du néo-militantisme. Il est largement considéré comme un prolongement des outils de la communication traditionnelle. Les candidats mettent donc en place des stratégies afin de convaincre les internautes du bien fondé de leur candidature, de leur légitimité à prétendre au pouvoir, afin de créer l’adhésion à un programme ou à une personnalité, et de mobiliser les sympathisants.


Toutefois, une Netcampagne ne peut prétendre transformer un électeur hostile en un fervent partisan. Elle aura rempli sa mission si elle amène chacun un pas plus loin dans son sentiment ou son engagement vis-à-vis du candidat : « transformer les militants en leader d’opinion, les sympathisants en militants, les bienveillants en sympathisants et les indifférents en bienveillants.
[1]»

Les WEBDOCTORS utilisent pour cela les méthodes issues du marketing politique dont on peut donner la définition suivante : Le marketing politique cherche à établir, maintenir et développer des relations politiques à long terme au profit de la société, de manière à ce que les objectifs des acteurs individuels et des organisations politiques impliquées puissent être atteints. Ceci est obtenu par un échange mutuel et des promesses réalisées. Cette déclinaison du marketing consiste à considérer que le politicien est un produit marketing dont les consommateurs potentiels sont des électeurs. L’approche vise à rechercher les attentes de ces « consommateurs-électeurs » de manière à concevoir le mélange du « produit idéal » grâce à des outils qui permettent un feed back régulier.

Cette définition décline deux fonctions de la communication politique sur Internet, deux activités des WEBDOCTORS. La première consiste à mettre à la disposition des citoyens les informations nécessaires à l’appréhension du programme et de la personnalité du candidat, un rôle d’édition de supports de communication institutionnelle adapté au format du réseau. Un pas vers la conviction. La seconde est la volonté de déterminer les attentes des citoyens, soit, l’opinion publique. Dans le chapitre précédent, nous avons montré que l’opinion se forgeait après une discussion rationnelle dans l’espace public. Il convient ainsi, avant et pendant la campagne de mettre en place des outils de concertation. Par les instituts de sondages d’un côté, mais aussi par les nouvelles formes interactives que propose le Web. Démocratie intercréative, ou simple forums, les WEBDOCTORS auront à charge d’animer les échanges tout au long de la campagne avec les internautes et de mobiliser les équipes de sympathisants.

Enfin, je rajouterais une dernière fonction propre aux nouvelles activités sur le réseau : le rôle de sentinelle, lié à la hausse des activités comportements politique contestataires. Le combat électoral sur Internet peut parfois apparaître violent. Les 89% de passeurs du Web, le mimétisme éditorial et les systèmes viraux permettent la visibilité d’argumentaires ou des vidéos assassines. Mémoire longue du réseau et fin du off, les candidats sont sous la pression constante d’une exposition d’un passé mal assumé, d’une attaque personnelle, auxquelles il faudra répondre très rapidement avant que la bulle n’enfle suffisamment pour porter atteinte au candidat.

Ce chapitre sera donc décliné autour de ces trois fonctions du conseiller en communication politique sur Internet : le WEBDOCTOR éditeur, le WEBDOCTOR animateur et le WEBDOCTOR sentinelle.

« Il n’y a pas une manière de faire une campagne, il y en a une infinité » annonçait le candidat de l’UMP aux présidentielles de 2007 lors d’une conférence de presse de présentation d’un nouvel outil de Netcampagne, « les supporters de Sarkozy ». En effet, si il existe des méthodes que le marketing s’est appliqué à ajuster au fil des expériences, ce seront toujours l’innovation, la surprise et le décalage, dans le respect d’un plan de communication précis, qui auront de l’impact sur les citoyens internautes. Ce chapitre ne tendra donc pas à donner les méthodes d’une campagne clé en main mais se présentera plutôt comme un bilan des derniers événements de Netcampagne, une vision d’étape.



[1] Partis politiques et campagnes électorales à l’heure d’Internet, Elisabeth Lulin, Paradigmes et caetera

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