22 juillet 2007

CHAPITRE I
Internet comme objet politique



III. Un espace public fractionné

On appelle communément espace public le lieu utilisé par les citoyens pour discuter des choses publiques, à savoir la gestion politique, économique et sociale des territoires. Jürgen Habermas l’a conceptualisé sous la forme du « lieu, accessible à tous les citoyens, où le public s’assemble pour formuler une opinion publique. L’échange discursif de positions raisonnables sur les problèmes d’intérêts généraux permet de dégager une opinion publique. Cette « publicité » est une moyen de pression à la disposition des citoyens pour contrer le pouvoir de l’Etat»[1]. L’espace public, lieu de médiation entre les trois catégories d’acteurs de la communication politique, que sont les médias, la société civile et les hommes politiques, est une donnée centrale. Elargir cette espace a été un objectif constant[2] pour les démocrates, pour qui l’expression et la communication sont indispensables au processus de l’action politique. Théoriquement, Internet est un espace communicationnel où circule librement des informations et se crée du lien social, de la reconnaissance à travers les échanges. Avec l’apparition de nouveaux outils de la communication interpersonnelle : messageries instantanées, forums, blogs, Wikies et réseaux sociaux, le Web est entré de plein pied dans l’ère de l’interactivité. Le réseau se construit donc autour d’applications à même de bouleverser les flux d’informations qui irriguent nos systèmes politiques.

Au cœur du Web se situent des paroles publiques. Celles des hommes politiques, des citoyens, des analystes, amplifiées par les échanges qu’elles procurent et la symbolique de la Toile[3]. Les opinions circulent et intègrent le champ du discours politique. Le net apparaît ainsi comme un support privilégié de la communication partisane, susceptible de revivifier l’espace public en accueillant des idées qui ne pourraient s’exprimer dans un cadre institutionnalisé.

Cependant, les nombreuses études optimistes basent leurs conclusions d’un prolongement de notre espace public sur les potentialités techniques et services offerts par le réseau. Les usages des internautes et les informations qui émanent des expériences menées au cours de ces dernières années montrent qu’il faut encore relativiser les impacts démocratiques et électoraux du Web. Grâce aux nombreuses études menées au cours de la dernière élection présidentielle, il est désormais possible d’avoir un regard sur ces propositions. Analyse.


A. La fracture numérique française


Au cours des dix dernières années, le profil de l’internaute a beaucoup évolué. En 1996, 90% des utilisateurs habitaient en Amérique du Nord, étaient majoritairement des hommes jeunes, actifs, avec un statut social élevé et possédaient un solide bagage scolaire[4]. Cinq ans plus tard, les usages se sont démocratisés avec près de 450 millions d’internautes et une croissance exponentielle en Europe. Il demeurait toutefois que cette sociologie très particulière, masculine et de classes socioprofessionnelles supérieures tendait à se confirmer.


Aujourd’hui, le nombre d’internautes dans le monde est estimé à 1 milliard, soit 16,7% de la population mondiale. La France quant à elle, se place en décembre 2006 au 13ème rang mondial[5]. En février 2007, cela représente 53,6% de la population pour 45% des foyers connectés au Net. Cette progression de 7% en un an amène à 28 millions le nombre d’internautes français[6]. Même si globalement, les chiffres du nombre de connectés ne cessent de croître depuis la création du média, la fracture numérique est loin d’être résorbée. Et le Web, en 2007, apparaît toujours comme un espace public partiel aux potentiels communicationnels important. Les grands instituts de sondages ont mené de nombreuses études d’opinion au cours des dernières années afin de préciser davantage le profil de ces internautes. Des déséquilibres spécifiques à certains critères sociologiques tels que l’âge, le sexe, la classe socioprofessionnelle ou la géographie sont apparus plus ou moins marqué pour définir un espace peu représentatif de la société civile :

Tout d’abord, Les enquêtes à l’issue de l’élection présidentielle font apparaître l’âge comme un élément clivant : « les e-citoyens ne sont pas encore, loin s’en faut, une reproduction virtuelle de la société française. 43% des internautes ont moins de 34 ans lorsqu’ils représentent 28% dans la société française. De même, les citoyens de plus de 50 ans sont deux fois plus représentés dans la société que sur la Toile - 45% pour 24%[7] -. Cette « fracture technologique générationnelle » tend cependant à se réduire progressivement : au cours de l’année 2006, la représentation des plus de 50 ans sur la Toile est passée de 16,2% à 22%. Cette évolution, corrélée avec les habitudes de consommation[8] des générations qui grandissent avec le réseau et de celles qui se sont adaptées dans le cadre de leurs activités, permet d’imaginer qu’Internet finisse par prendre toute l’ampleur, en France, d’un média de masse dans les prochaines années.

Ensuite, le critère socioprofessionnel est très marqué dans l’appropriation des outils du réseau par la société civile. 25%[9] des français déclarent avoir au moins le baccalauréat pour 49%[10] des internautes. L’écart est très significatif. « Avec de telles disparités, il n’est guère surprenant de retrouver davantage de cadres - 15% des internautes pour 8% de la population - ou de professions intermédiaires - 21% pour 12% - [11] ». Là encore, malgré les écarts important, le phénomène tend à s’atténuer : de novembre 2006 à avril 2007, le pourcentage d’internautes disposant du Baccalauréat est passé de 61% aux 49% pré-cités. On observe ainsi l’accession progressive au réseau des catégories socioprofessionnelles moins « élevées », nouveau signe d’un fléchissement de la fracture numérique.

Enfin, le critère géographique, donc culturel, est présent dans les usages. Ce sont près de 54%[12] des internautes qui habitent dans les grandes villes lorsque la population des territoires rassemble 21%[13] des français. Ajoutant à cela qu’en 2007, le sexe est encore un critère légèrement marqué avec 53% d’internautes hommes pour 47% de femmes, il est possible d’avoir une représentation du profil des internautes, public potentiel de la communication électorale. En poussant un peu la caricature, car tous les critères de la fracture numérique se sont atténués en France au fil des années, le profil de l’internaute pourrait ne pas avoir sensiblement changé ces dix dernières années. Le public reste dans l’ensemble plus masculin, urbain, jeune et diplômé que la moyenne.

Cette étude met au jour une véritable distinction entre les populations « connectés » et les autres dans l’espace public. La moitié des citoyens, en 2007, est exclue d’une partie de la campagne électorale, et donc d’une part non négligeable des débats et des éclairages nécessaires à l’appréhension des enjeux d’une élection. Cette dichotomie influence nécessairement l’identité du Web, ses émanations discursives et les usages des communicants politiques. Le réseau à lui seul ne permet pas l’échange ouvert entre un candidat et l’ensemble des habitants d’un territoire. Ceci n’implique pas l’incapacité du Web à produire certains contenus de communication de masse. Mais ces productions, dans un espace encore insuffisamment représentatif, devront trouver un relais supplémentaire, notamment les mass médias traditionnels pour toucher une audience élargie.

B. Les conditions de l’agora médiatée

En Europe, l'agenda de Lisbonne de 2000 fait de la communication l'un des moteurs de la construction européenne, tandis que l'ONU l'apparente à un droit universel. La communication apparaîtrait comme une condition essentielle au bon fonctionnement de la démocratie : l'information serait diffusée plus rapidement et plus largement, elle serait plus réactive et didactique, elle permettrait au citoyen de participer de manière rationnelle et éclairée à la vie politique. Les politiques publiques sont donc très sensibilisées à la mythologie du Web. Les internautes sont actifs de part la nature même des échanges sur le Web. Ils ne subissent pas des flux d’informations organisés par des médias ou des journalistes mais font la démarche individuelle d’aller rechercher ce qui les intéresse.

Pourtant, à l’analyse des comportements éditoriaux des internautes, les données quantitatives attaquent durement les mythologies alternatives, en 2007. Malgré le fait qu’Internet et le Web soient des « architectures de la participation[14] », ils ne sont pas utilisés massivement. Ainsi, dans un article du Guardian du 20 juillet 2006, Charles Arthur évoque la loi des 1%[15] : sur 100 internautes, seuls 1% sera producteur de contenu, pour 10% d’interagissant et 89% de lecteurs passifs. Seul le site de l’encyclopédie libre Wikipédia fait office d’exception dans le monde du Web avec 4,6% de ses visiteurs actifs sur le contenu. Bien que ce chiffre n’ait que l’avantage de démystifier l’idéologie participative d’Internet, mis en corrélation avec la participation citoyenne dans l’espace public, il sous tend d’autres facteurs essentiels à l’appréhension sociologique de la citoyenneté.

Le rattachement territorial de la citoyenneté
L’INSEE déclare que 78% des français sont concernés par la vie associative - dons, bénévolat…- dont 13% qui s’impliquent fortement en offrant cinq heures de leurs temps par semaine
[16] à ces organisations. Au regard de la loi des 1%, Internet crée finalement très peu de participation active par rapport à d’autres relais de terrain. Si la déspatialisation, l‘atemporalité et le désengagement physique du Web semblent être des avantages à la mobilisation des citoyens, elles sont aussi des freins essentiels à la participation dans la Cité. « Les idéologies ne conquièrent pas des âmes détachées de l’histoire et de la géographie. Elles influent sur des hommes enracinés à des identités et à des territoires ; elles s’inscrivent dans la géographie » écrit Aymeric Chauprade[17]. L’intégration de la citoyenneté à une communauté, aux frontières physiques : un état, une région, une ville (…) est incontestablement une limite à la notion de « village global » développée par le courant déterministe de la société de la communication. Une étude de Claire Charbit et Valérie Fernandez met en avant l’attachement territorial dans les comportements participatifs sur le Web : « Les formes de regroupement et donc de participation sont établis à partir du caractère de la reconnaissance mutuelle, sur la base de l’appartenance à des institutions réelles communes[18] ». Cette reconnaissance territoriale, culturelle ou historique s’applique également lorsque l’on analyse la sociologie du vote en France. Le démographe Hervé Le Bras indique à ce sujet qu’au-delà de l’appartenance à une classe sociale des électeurs, « La répartition de la population sur le territoire et la concentration de certaines activités centrales obéissent à une contrainte globale forte. Au contraire, les répartitions de votes en faveur d'un parti ou d'un candidat donné semblent obéir à des règles de progression ou de transmission locales[19] ». « Think global, act local » concept aujourd’hui acquit du marketing trouve une source légitime dans ces modalités de la citoyenneté. Ainsi, tout comme l’administration européenne a choisit de fonctionner autour du principe de subsidiarité[20], la stratégie de campagne électorale sur le Net ne sera efficace qu’avec des structures relais opérationnels locaux, au plus proche des citoyens, de leur quotidien et de leurs aspirations : une organisation en sections et fédérations, dont il faudrait évidement changer les termes, qui ressemble pourtant fortement à l’implantation géographique des partis politique.

Un espace fractionnés
Une seconde limite de la participation apparaît à l’analyse de l’organisation des discours dans les forums libres. L’organisation tribale a des conséquences sur le phénomène d’échanges et de discussion. « Les fora sont plutôt marqués par une démarche militante revendicatrice, contestatrice et non par une volonté de participer à la prise de décision politique[21] ». Le manque de considération pour l’opinion des autres et la faible divergence des points de vue sont les caractéristiques du Web et constituent de véritables barrières à la délibération politique. Dans le cadre d’une analyse macro, les communautés se retrouvent dans l’organisation même de la blogosphère[22]. Une enquête menée par Franck Ghitalla et Guilhem Fouetillou[23] sur les élections présidentielles montre combien les agglomérations de blogs, les liens hypertextes[24], entrant et sortant, entre les sites créent des espaces fermés. Tout comme un lecteur fait le choix de son journal quotidien et conserve son habitude, un internaute qui décide de « surfer » sur le Web sera, en fonction du point d’entrée au réseau qu’il choisit dans un moteur de recherche, toujours guidé, en politique, dans un monde voué à être communément en accord avec lui. Les échanges se font dans un cadre choisi d’appartenance partisane. Sans objectif précis et règles structurantes de la participation, les interventions se font dans un esprit d’accord de principe, un débat peu créatif.

L’anonymat
Si sur Internet, l’anonymat n’est pas la règle, chaque utilisateur laissant une trace sur les sites qu’il consulte, il est en revanche un usage du pseudonyme très répandu dans les fora et les autres espaces de discussion. Il garantie normalement l’expression libre. D’un côté, le Web apparaît comme un lieu favorisant cette parole et l’authenticité, notamment grâce au phénomène de l’anonymat qui permet de se débarrasser un temps de son rôle institutionnel et de son image sociale. Il casse ce qu’Elisabeth Noëlle-Neumann[25] appelle la spirale du silence. Cette théorie expose l’idée selon laquelle les mass-médias ne reflèteraient pas la totalité des opinions présentes dans le public, mais seulement les opinions majoritaires et légitimes. Ceux qui sont minoritaires, se sentant illégitimes, préfèreraient se taire et renforceraient ainsi l'opinion majoritaire. Ainsi, l’anonymat pourrait favoriser et désinhiber l’expression dans l’espace public.

Cependant, l’anonymat est un frein considérable à l’inscription du Web comme un prolongement de l’espace public. Cette forme d’intervention est une restriction de l’implication de l’internaute au débat. L’anonymat apparaît comme une dévalorisation de la parole. L’internaute ne se représente ainsi pas lui-même dans l’espace public, s’investit finalement peu dans le processus créatif de l’expression et ne s’assigne pas d’obligations déontologiques. Il peut s’autoriser ce qu’il ne dirait pas dans un autre contexte, pour le meilleur, mais aussi pour le pire, faisant parfois le jeu des rumeurs et des approximations.


C. Les comportements éditoriaux

Fabien Granjon complète cette analyse des fora dés l’année 2000
[26] et décrit le portait de trois typologies de comportements éditoriaux des internautes : Les passeurs, les filtreurs et les interprètes, trois modèles de comportements éditoriaux que l’on retrouve aujourd’hui exaltés par les outils du très médiatique Web2.0.

Les passeurs sont les plus nombreux. Ils « se contentent de faire circuler l’information, sans commentaire et sans modification autre que formelle ». Ils ont comme objectif principal d’assurer une audience maximum aux informations qu’ils présument être importantes, élaborées au sein d’autres cercles militants restreints. Les passeurs assurent ainsi la publicité d’événements, d’idées ou de polémiques. Les passeurs utilisent l’ensemble des outils mis à disposition par le réseau : Mailing, blogs, messageries instantanée (…). Leur profil semble être celui des jeunes internautes qui sont moins investi dans le phénomène participatif que leurs aînés mais qui sont paradoxalement plus polarisé politiquement
[27].


Lorsque l’on croise l’ensemble des statistiques précédemment citées[28], le réservoir potentiel de cyber-citoyens passeurs s’élève à 8,45 millions! Comparé ce résultat aux intentions de vote des internautes[29] en mars 2007, durant la campagne présidentielle, permet d’évaluer la masse de passeurs partisans par grande tendance politique. Soit, 2,3 millions seraient des internautes passeurs de gauche, 1,9 millions de droite et 3 millions du centre ou indécis. Les WEBDOCTORS qui maîtrisent les méthodes du Marketing viral et qui savent créer des contenus à forte teneur émotionnelle auront de leur côté un incroyable potentiel de cyber-militants motivés.

Le mythe français de l’alternative politique virale est issu d’un mouvement qui a mené la campagne pour le non durant le référendum pour la constitution européenne en 2005. Etienne Chouard, dont le slogan « ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir » s’affiche aujourd’hui en tête de son site Internet, avait fournit à l’ensemble de son carnet d’adresse un texte d’analyse du projet constitutionnel, sous forme de fichier pdf, intitulé « Une mauvaise constitution qui révèle un secret cancer de notre démocratie ». Il alertait alors, selon ses convictions, des irrégularités qui lui semblaient apparaître dans les propositions. En quelques jours, ce fichier, qui comportait dans un premier temps de nombreuses erreurs factuelles d’analyses, a fait le tour du Web et a propulsé cet ingénieur de formation au premier rang de la bataille des « nonistes ». L’armada anarchique des passeurs avait réussi à porter dans le débat public, fortement dominé par les « oui-ouiste », les thématiques pour le non au référendum qui mettront un coup d’arrêt provisoire à la construction de l’Europe politique. Bien sûr, d’autres intervenants de la sphère publique et des médias étaient intervenus en ce sens, mais la puissance ponctuelle de ce mouvement anonyme de passeurs n’est pas pour rien dans cet échec de la classe politique. Nous analyserons à ce propos, dans le deuxième chapitre, l’importance croissante des systèmes de viralité négative.

Les filtreurs quant à eux répondent tout autant aux problématiques de distribution de l’information mais « s’assignent comme cadre d’exercice de soulager les militants-internautes menacés par l’inflation des données[30]. Ils facilitent ainsi la gestion et l’appropriation de l’information transmise.[31]» Une enquête de l’institut Otto Research en Avril 2007, indique que 15% des internautes participent souvent ou de temps en temps à un forum politique, « potentiellement 4,5 millions de contributeurs[32]». L’idée des filtreurs est d’engager leur responsabilité pour fournir aux récepteurs un contenu fiable, une garantie pour ceux qui recevront le message. Ils opèrent une veille stratégique, un calibrage des messages sur des sujets précis et renvoient les informations à des listes restreintes mais plus réceptives. Les filtreurs, engagés dans une démarche volontaire se soucient davantage que les passeurs du contexte de réception. En effet, Les comportements de lecture en rapport avec les listes de diffusion peuvent être envisagés selon quatre catégories : la lecture exhaustive des messages, la non-lecture, la lecture partielle et la lecture en fonction de l’expéditeur. En ce sens, les filtreurs assurent autour de leur nom, à leurs interlocuteurs, une information fiable. Seulement, « ce type d’intercession dont sont porteurs les filtreurs a des limites dans le sens où il tend moins à s’exercer entre des informations et des internautes qu’entre militants »[33] qui partagent des réseaux de sociabilités pré-constitués, plus anciens, pérennes. Ils sont pour certains blogueurs influents, toujours marqués par une ligne éditoriale claire et affirmée, peu innovante et participent aux forums mis en place sur les blogs. Les filtreurs pourraient constituer pour les WEBDOCTORS, au delà de l’équipe rapprochée, un deuxième cercle très efficace de mobilisation.
Enfin, les interprètes « sont avant tout des aides cognitives », qui dissèquent les discours, qui effectuent des recherches et des recoupements d’informations afin de mettre en perspective l’essentiel pour les filtreurs et les passeurs. Ils ne sont pas uniquement intéressés par la communauté de pratique et les groupes d’intérêts mais par la diffusion de leurs messages. Ils sont des « manipulateurs de symboles [34]», écrits, sonores ou visuels. Le résultat du Web2.0. Ce sont par exemple des analystes, des cyber-citoyens tels Etienne Chouard mais aussi des nouveaux journalistes citoyens ou encore de WEBDOCTORS à l’ombre des équipes de campagne.

Parallèlement, tout comme pour les autres médias alternatifs en d’autres temps – presse d’opinion, radios libres… -, on voit désormais apparaître des structures abouties et plus intéressantes de diffusion ou d’archivage de l’information : plus encadrées, ou plus contrôlés, les nouveaux espaces collaboratifs ne sont pas ouverts à tous et s’apparentent davantage à cette démocratie scientifique à l’initiative du réseau. Les trois cercles de cyber-citoyens actifs trouvent ainsi les structures correspondantes à leurs pratiques. Les WEBDOCTORS ont donc la charge d’organiser le circuit de l’information et les outils appropriés aux trois usages des militants sur Net, et mettre ainsi en place à la fois des communautés de pratique et des communautés de savoir[35].

Pourtant peu nombreux, les interprètes s’affairent et mobilisent. Ils sont les nouveaux leaders d’opinion d’une communauté internautes politique en quête du cinquième pouvoir. Et le mythe est solide. Ce symbole du renouveau politique par la génération Internet est personnifié par certains blogueurs médiatisés qui interpellent les formes représentatives de la démocratie. Apparaissent sur le réseau de nouveaux acteurs politiques, en charge de représenter l’image de cette nouvelle agora dynamique et ouverte, utopie fondatrice des usages politiques du Web.


[1] in. L’espace public, Jürgen Habermas, ed.Payot, 1978
[2] in. Penser la communication, Dominique Wolton, Flammarion, 1997
[3] « Medium is message ». in.Pour comprendre les médias, Marshall Mac Luhan
[4] in. Profil, motivation et évolution de l’internaute, Sonia Sanchez, décembre 2006, http://esens.unige.ch
[5] in. Etude économique de la France, rapport OCDE (organisation de coopération et de développement économiques), juin 2007
[6] in. source Médiamétrie, Avril 2007.
[7] in. Les internautes et la politique, TNS SOFRES
[8] 82% de la tranche 13-17 ans et 81 % des 18-24 ans assurent avoir été connecté régulièrement au cours du dernier mois écoulé au premier janvier 2006, source Médiamétrie. On peut penser que le chiffre a encore augmenté au regard des 7% d’internautes supplémentaires au cours de l’année 2006.
[9] in. Enquête emploi 2002 redressée en 2006, INSEE
[10] in. Bilan de la net campagne présidentielle, IFOP, étude du mois d’avril 2007
[11] in. TNS SOFRES, ibid.
[12] in. Profiling 2006 v2, IPSOS, Février 2007
[13] in. Recensement, INSEE, décembre 2006
[14] in. Foules intelligentes (smart mobs), howard Rheingold, m21 édition
[15] in. Participation on Web 2.0 sites remains weak, Eric Auchard, Reuters
[16] in. Femmes et Hommes - Regards sur la parité -, INSEE, Éd. 2004
[17] Géopolitique, constante et changement dans l’histoire, Aymeric Chauprade
[18] in. Sous le régime des communautés : interactions cognitives et collectifs en ligne, Claire Charbit et Valérie Fernandez, 2003
[19] in. Qui vote pour qui ?, Hervé Le Bras, Société d'éditions scientifiques, Paris, Société d'éditions scientifiques, Paris, 2002
[20] Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d'elle-même.
[21] in. De nouvelles situations de délibération via Internet : espaces publics partiels ou micro-espaces publics ? Pascal Ricaud, Centre d’étude du Débat Public, Université de Tours
[22] La blogosphère désigne indifféremment un ensemble de blogs ou l'ensemble de ses rédacteurs. L'expression la blogosphère désigne ainsi l'ensemble de tous les blogs. C'est un sous-ensemble du World Wide Web. Le terme blogosphère peut être qualifié et on pourra parler de la blogosphère francophone, de la blogosphère sportive, blogosphère UMP, PS, UDF...
[23] http://www.observatoire-presidentielle.fr
[24] Un système hypertexte est un système contenant des documents liés entre eux par des hyperliens permettant de passer automatiquement (en pratique grâce à l'informatique) du document consulté à un autre document lié. Un document hypertexte est donc un document qui contient des hyperliens.
[25] in The Spiral of Silence, Elisabeth Noëlle-Neumann, 1974
[26] in. Les militants-internautes : passeurs, filtreurs et interprètes, Fabien Granjon, Docteur en sciences de l’information et de la communication et enseignant à l’Université de Rennes I, Mai 2000
[27] in. Les internautes et la politique, TNS SOFRES, mars 2007
[28] 34% des internautes, soit 9,5 Millions de personnes ont eu au moins deux activités politiques durant la campagne présidentielle et 89% d’entre eux ne produisent pas de contenus.
[29] 36% des internautes se déclarent au centre ou « ninistes », 27% à gauche et 22% à droite le 20 mars 2007, durant la campagne présidentielle, soit à un moment où les intentions de votes n’étaient pas complètement cristallisées – même si les internautes sont plus impliqués politiquement -. Ce chiffre est donc à prendre comme une image à un instant donné. Il a l’intérêt de révéler quantitativement le réservoir de cyber-militants passeurs potentiel. Ces statistiques sont issues de : Les internautes et la politique, TNS SOFRES, Mars 2007.
[30] Franck Juan, directeur d’EuroRSCG à Lyon, évoquait lors de notre entretien le fait qu’au moyen âge, un homme avait réussi à affirmer qu’il avait lu l’ensemble des ouvrages qui avaient été édités jusqu’alors. Aujourd’hui, personne ne peut affirmer cet état de fait et la connaissance n’est pas le fait d’un homme mais de tous. Les médias ont alors ce rôle d’ « agenda setting » qui consiste à déterminer ce qui fera débat, de sélectionner les événements et sujets auxquels s’intéresseront le public et/ou les décideurs. – cf L’influence du Web sur l’agenda médiatique et politique -.
[31] in. Les militants-internautes : passeurs, filtreurs et interprètes, Fabien Granjon, Docteur en sciences de l’information et de la communication et enseignant à l’Université de Rennes I, Mai 2000
[32] in. L’influence d’Internet sur la campagne présidentielle, Otto Research.
[33] in. Les militants-internautes : passeurs, filtreurs et interprètes, Fabien Granjon, Docteur en sciences de l’information et de la communication et enseignant à l’Université de Rennes I, Mai 2000.
[34] in. La galaxie Internet, Manuel Castells, 2002, http://www.homo-numericus.net
[35] in. Sous le régime des communautés : Interactions cognitives et collectifs en ligne, Claire Charbit et Valérie Fernandez, GET-ENST Paris, septembre 2003.

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